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Quand la raclette fait des bulles

La spécialité fromagère est au cœur d’expositions au Musée de Bagnes, au Châble

Mathilda Olmi, Entre la poire et le fromage, 2019. © Mathilda Olmi
Mathilda Olmi, Entre la poire et le fromage, 2019. © Mathilda Olmi
Publié le 27.07.2020

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Valais » La raclette et le raclette sont au cœur de deux expositions présentées par le Musée de Bagnes, au Châble, Stripclette AOP, réunissant 37 petites histoires dessinées autour de la spécialité fromagère, et Le raclette, interrogeant les écarts entre l’image promotionnelle et la fabrication du fromage.

La rencontre avec la raclette a lieu sur le parvis de l’église du Châble, à côté de l’institution valaisanne. Le visiteur y découvre une trentaine de strips et autant de dessinateurs et bédéistes suisses. Ils ont été invités à décliner en trois cases le culte de cette spécialité.

Blaise Coutaz, percutant, résume sobrement en noir et blanc l’addiction au fromage fondu en répétant la même histoire: «Raclette?» demande un personnage hors champ, «d’accord, mais la dernière», répond l’air de rien un homme que l’on devine tendre son assiette pour la énième fois. Ambroise Héritier montre dans un saisissant dessin l’état de transe interne et fulgurant dans lequel est plongée une femme dégustant une raclette servie par une souris. Dans un autre registre, Buche met en scène un homme des cavernes qui tend son pied odorant à une femme, laquelle se lève et racle la plante du pied du monsieur dépité, faisant tomber le résultat sur une assiette antique.

Cette exposition, Stripclette AOP, montée en collaboration avec le Palp Festival et le Château de Saint-Maurice, a déjà été présentée en 2018 à Martigny et en 2019 à Saint-Maurice.

Dans le Musée de Bagnes, le visiteur entre dans le monde du raclette, ce fromage valaisan au lait cru, AOP depuis 2007. «C’est un sujet a priori simple. Sauf que plus on l’étudie avec des chercheurs, plus il se révèle complexe», indique Mélanie Hugon-Duc, anthropologue et commissaire de l’exposition, qui a passé le fromage au crible avec une douzaine d’autres chercheurs de diverses disciplines.

Pas que les vaches d’Hérens

Le visiteur apprend comment se produit le raclette ainsi que l’étroit rapport existant entre la qualité de l’herbe des alpages et celle du fromage. Un herbier suspendu au milieu de la pièce, constitué par Claire Pattaroni, scénographe de l’exposition, rassemble des plantes courantes des alpages, telles que le thym serpolet, le pissenlit, la gentiane, l’arnica, l’alchémille ou encore le pied-de-lièvre. Quant au lait des célèbres vaches de la race d’Hérens, plus connues pour leurs luttes, il ne suffit pas à la production fromagère du canton. Elle est assurée par les Simmental, Holstein et autres brunes qui broutent les alpages valaisans.

Toujours au rez-de-chaussée du musée, le visiteur découvre sonnettes, trophées et divers objets servant à la fabrication du fromage. A l’étage, cette fabrication est au cœur d’une chorégraphie née de la plume de l’illustrateur et graphiste de l’exposition Ludovic Chappex et projetée sur les murs: coulage du lait, emprésurage, caillage du lait, soutirage du petit-lait ou encore découpage, mise en moule et pressage.

Dans une salle sombre et feutrée, on entend les voix enregistrées de cinq goûteurs invités à la coupe de huit raclettes du Valais AOP: «Arôme de beurre, de crème fraîche […], pâte compacte, nez léger en finesse […], notes fruitées plus discrètes d’ananas et de banane mûre […]». Le raclette dans tous ses états…

Au début ou à la fin de son parcours, le visiteur peut encore déguster une tranche de fromage humoristique en écoutant le YouTubeur Norman relater ses expériences de raclette. Ou plutôt de raclonette. ATS

Jusqu’au 20 septembre au Musée de Bagnes, au Châble (VS).

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