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L’empathie n’est pas forcément la panacée dans tous les couples

L’étude a révélé que la formule "l’empathie envers l’autre augmente aussi son attrait" ne se vérifie que pour une petite moitié des couples (archives). © KEYSTONE/DPA/MOHSSEN ASSANIMOGHADDAM
L’étude a révélé que la formule "l’empathie envers l’autre augmente aussi son attrait" ne se vérifie que pour une petite moitié des couples (archives). © KEYSTONE/DPA/MOHSSEN ASSANIMOGHADDAM


Publié le 08.05.2024


Mettre tout le monde dans le même panier n’est peut-être pas la panacée en matière de thérapie de couple, comme le montre une étude de l'Université de Lucerne. Ainsi, plus d'empathie n'est pas forcément synonyme de meilleure relation.

"Si l’on observe chaque couple individuellement, on peut arriver à un résultat différent de celui obtenu en établissant la moyenne de tous les couples", indique Andrew Gloster, qui a dirigé cette recherche, cité mercredi dans un communiqué du Fonds national suisse (FNS).

L’homogénéité psychologique, c'est-à-dire l’idée que tout le monde fonctionne de la même manière, est remise en question depuis un certain temps. "Mais ce n’est que récemment que la recherche en psychothérapie en a pris conscience", note le chercheur.

De nouvelles méthodes de collecte de données et d’analyse ont permis de remettre en cause un principe bien établi qui veut qu'éprouver de l'empathie augmente l'attrait du ou de la partenaire. Le même principe s’applique pour l’auto-compassion. Selon l’adage bien connu: on ne peut aimer l’autre que si l’on s’aime soi-même.

L’empathie augmenterait alors la satisfaction au sein de la relation, ce qui se traduirait notamment par de la tolérance, de la bienveillance et de la sollicitude envers l’autre personne ou, dans le cas de l’auto-compassion, envers soi-même. C'est pourquoi la plupart des consultations de thérapie de couple tendent à promouvoir ces qualités.

Une petite moitié des couples

Pour en avoir le coeur net, l’équipe du Pr Gloster a analysé des données collectées dans le cadre d’une autre étude, pour laquelle 84 couples hétérosexuels vivant en Suisse ont tenu un genre de journal en temps réel. Durant une semaine, les participants ont évalué plusieurs fois par jour l’empathie éprouvée pour leur partenaire, leur auto-compassion et l’attractivité de leur partenaire.

"Nous avons ainsi pu analyser les couples séparément, du point de vue de chacun des partenaires, et avons découvert qu’ils s’écartaient de la moyenne", explique Andrew Gloster.

L’analyse a révélé que la formule "l’empathie envers l’autre augmente aussi son attrait" ne se vérifie que pour une petite moitié des couples. Pour l’autre moitié, les scientifiques n’ont pas pu établir de lien entre empathie envers le ou la partenaire et attirance.

Cette constatation a donc des répercussions sur les consultations: "Pour les couples où empathie envers l’autre et attirance sont liées, il peut être utile de renforcer l’empathie et l’auto-compassion", souligne le chercheur. Pour d’autres en revanche, cette stratégie risque de s’avérer inefficace.

Selon Andrew Gloster, qui a lui-même été thérapeute de couple, il serait plus judicieux de déterminer la dynamique d’une relation au début de la thérapie et de personnaliser ensuite la stratégie à adopter. Des scientifiques australiens et américains ont également participé à ces travaux publiés dans le Journal of Contextual Behavioral Science.

ats

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